Je n’écris pas seulement pour mes lecteurs et lectrices. J’écris pour les disparus, pour ceux qui ont écrit avant moi ; j’écris pour les murs et les pierres, pour la mémoire gravée dans les strates de la ville ; j’écris pour tous les écrivains d’Istanbul. J’écris pour les amoureux d’Istanbul de demain.
Quelle est donc la particularité de mon livre ?
Il est entièrement subjectif.
Il est celui d’une passionnée de littérature qui a porté soudain un regard émerveillé sur la cité légendaire dont elle avait rêvé longtemps à travers les pages des livres et s’est alors mise en quête de ses lieux et personnages. Celui d’une étrangère qui a quitté sa ville natale et a tenté de s’enraciner dans une autre terre, qui a dû apprendre, parfois avec difficulté, la langue et les coutumes de son pays d’adoption.
Il est celui d’une femme qui a vécu, s’est mariée, a élevé ses enfants dans une culture autre que la sienne, en tentant de s’enrichir de cette différence tout en préservant sa propre identité…
Un jour, j’ai découvert une ville qui m’émerveillait, me fascinait et parfois me chagrinait.
Il s’est établi une correspondance parfaite entre ma sensibilité profonde et cette mégapole baignant dans l’eau, pétrie de souvenirs de toutes les cultures, constituée d’une mosaïque de gens différents. C’est la ville qui m’inspire en tant qu’écrivain. Je la ressens comme « ma » ville.
Ce livre est le fruit de mes étonnements, de mes doutes et de mes bonheurs. Le miroir de l’Istanbul de Gisèle, stambouliote d’adoption.